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l’avons point veu canoniser, ny ceux qui l’ont veu ; nous n’avons point veu faire le miracle du dragon ny ceux qui l’ont veu ; nous n’avons pas veu octroyer le privilége ny ceux qui l’ont veu ; mais nous le croyons par une opinion ferme de toute la province et par une commune renommée fort célèbre. Rien n’a esté escript de ce miracle, mais les pères et mères l’enseignent tous les ans à leurs enfants, que, quand ils voyent ceste gargouille, ils se souviennent qu’à tel jour la ville de Rouen fut délivrée de l’oppression du dragon, afin d’en rendre grâces à Dieu. Nous le tenons de père à fils, nos ancestres nous l’ont ainsy baillé de main en main. Voylà grand cas que ceste gargouille faict si mal au cœur à Me. Bouthillier. Quelle honte y a-t-il à dire que les saincts ont tué et faict mourir les serpens ? A son goust et jugement ces miracles sont honteux ! O impiété ! Qui est le lecteur qui pourra lire cecy, que les cheveux ne luy dressent en la teste ? Que Bouthillier se souvienne d’un ancien proverbe françois : Jamais chien n’abaya (aboya) contre le crucifix, qu’il ne devînt enragé. Si le miracle est supposé, il en dira autant de la fierte et des reliques. Voyez combien d’absurditéz, voire de blasphèmes luy produit ceste mauvaise règle ! Nous luy dirons : Que vous semble de ceste créance, que lorsque sainct Remy baptisoit le premier roy chrestien Clovis, la colombe apporta miraculeusement l’ampoulle pleine