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perpétuel, à son esgard, le crime pour raison du quel il estoit recherché[1]. »

Monstreuil, avocat du chapitre, après avoir dit que dans cette affaire « il plaidoit la cause de Dieu et de son esglise », raconta, avec beaucoup de détails, le miracle de la gargouille, miracle qui, disait-il, avait donné lieu au privilége. « Ce privilége ne pouvoit estre entamé que, du mesme coup, l’honneur de Dieu et de ses saincts ne fust blessé ». Et même, à le bien prendre, il ne s’agissait pas du privilége du chapitre de Rouen, mais du privilége de toute la France, « laquelle pouvoit, par ce moyen, espargner la vie à un des siens, pour, puis après, en tirer du service. » En vain venait-on représenter Péhu comme coupable du crime de lèze-majesté ; son crime n’avait point ce caractère ; le meurtre qu’il avait commis avait été l’effet cruel et sanglant d’une querelle particulière entre gentilshommes. Après le meurtre, ni D’Alègre ni les siens n’avaient rien entrepris sur la place de Vernon : preuve certaine que le dessein du marquis « n’estoit contre l’Estat, ains contre la personne du mort. » Du Hallot, disait-on, était lieutenant de roi ; son meurtrier était donc criminel de lèze-majesté ; mais qui pouvait ignorer que le besoin du tems avait fait créer alors une foule de lieutenans de roi particuliers ? Oserait-on

  1. Plaidoyer de Cerizay au conseil, Paris, 1606, in-8o.