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lieutenans Thorigny, Beuvron, Longaunay, De Vic, Martel de Bacqueville, Grimouville-Larchant, les attaquèrent successivement dans ces trois positions. L’artillerie de l’armée royale épouvanta ces hommes braves mais indisciplinés ; ils se débandèrent, et on les tailla facilement en pièces. Jamais il ne s’était fait un aussi grand carnage par une aussi petite poignée de monde. Plus de trois mille de ces paysans restèrent sur la place. De douze cents qui se rendirent à discrétion, quatre cents furent condamnés aux travaux publics ; les autres eurent permission de se retirer, après s’être engagés à ne point porter les armes pour la défense du parti ; on prit aussi avec eux quelques gentilshommes, et, entr’autres, le baron de Tubœuf. Cette défaite arriva un vendredi 22 avril. Cet échec, non seulement affaiblit considérablement la ligue en Normandie, mais éteignit encore absolument le parti des Gauthiers, qui avaient rendu leur nom formidable à la noblesse et à toutes les villes de la province. Leur société se rompit, et ils ne parurent plus depuis. De Thou, en disant que la nouvelle de la défaite des Gauthiers dut paraître d’abord incroyable, montre assez à quel point ces villageois armés étaient parvenus à se faire craindre[1].

  1. De Thou, Histoire universelle, livre 95°.