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chevalier, seigneur de Saint-Pierre, « pour informer de l’usage et coustume d’exercer le privilége de saint Romain. » Dans cette charte, dont le préambule est évidemment copié, selon l’usage de cette époque, sur l’exposé contenu dans la requête du suppliant (et ici c’est le chapitre de Rouen), on lit ce récit, qui diffère de celui de 1394 : « C’est la voix notoire au pays de Normendie, ce privilège avoir esté introduit après voix angélique venant du ciel, par les mérites du glorieux sainct Romain. En quoy le peuple de la dicte archeveschie et de toute la région de Normendie a tousjours prins très grant et singulière dévocion. »

En 1485, on en revient à l’histoire du dragon. Le tems a porte conseil ; aussi donne-t-on de plus grands détails. C’est au roi Charles VIII, séant en son lit de justice à l’échiquier de Rouen, que s’adresse le récit qu’on va lire. Le narrateur est Maître Estienne Tuvache, chancelier et chanoine en l’église cathédrale de Rouen, qui, accompagné de plusieurs de ses confrères, vint, le mercredi 27 avril 1485, insinuer le privilége de saint Romain à l’échiquier où siégeait le monarque : « Monsieur saint Romain, dit-il, constant et durant le temps qu’il estoit archevesque de Rouen, délivra icelle ville et le païs d’environ, d’un serpent ou dragon qui dévouroit (ainsi comme chacun jour) plusieurs personnes, à la grande désolacion du dit