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à sa personne, des sorties fréquentes qui incommodaient fort les campagnes des environs et même la ville de Rouen. Pour recourir à un parti envers lequel il s’était montré si hostile, il fallait offrir de fortes garanties. Mais l’assassinat de Vernon était un titre qui ne laissait rien à désirer. Meurtrier d’un lieutenant de roi nommé par Henri IV, d’un royaliste éprouvé et redoutable ; poursuivi par le parlement de Caen, fidèle au roi de Navarre : c’en était plus qu’il ne fallait pour être reçu par la ligue, à bras ouverts. Au premier mot qu’il dit de la fierte, on lui donna les assurances les plus expresses. Restait à trouver un moyen de jouir du privilège, sans être obligé de se montrer à Rouen, en personne, ce qui, peut-être, n’eût pas été sans danger pour lui. Ce moyen s’offrait de lui-même. Lors de son expédition à Vernon, le marquis d’Alègre avait été accompagné, entre autres, par Claude De Péhu, sieur de la Mothe, jeune gentilhomme né à Longueil, en Picardie. Péhu avait été, dans son enfance, page du marquis d’Alègre ; mais il l’avait quitté après la prise de Dieppe, (en 1589) et s’était attaché à la personne du gouverneur de Gournay, qui tenait pour la ligue. Là « il avoit porté les armes et faict la guerre pour le party de la saincte unyon. » Lors de la prise de Gournay par le maréchal de Biron, Péhu ayant été fait prisonnier, le marquis d’Alègre s’était souvenu de