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le peuple, d’abord des murmures d’admiration, puis, auprès du gouverneur, des instances énergiques, auxquelles il avait bien fallu céder[1]. Enfin, les plaintes s’étant multipliées, le roi, contraint de remplacer un gouverneur détesté de tous, avait donné le gouvernement de Gisors à Montmorency du Hallot, comme une récompense de ses services. Le marquis d’Alègre, se voyant ainsi destitué, conçut une haine violente contre Montmorency du Hallot, son successeur, et jura de se venger sur lui tôt ou tard d’une disgrâce dont ce gentilhomme profitait sans l’avoir provoquée. D’Alègre ne fut que trop fidèle à ce serment. Dès lors, il ourdit la trame dont son ennemi devait être la victime. Dans son château de Blainville, voisin de Rouen, il avait, le jour et la nuit, de longs et mystérieux entretiens avec le comte de Saint-Pol, un page nommé Marché, et d’autres domestiques. L’air sombre de D’Alègre et de ses confidens, l’expression sinistre de leurs visages, annonçaient quelque noir dessein. Enfin, le 12 septembre 1592, le marquis partit, très-matin, de son château de Blainville, accompagné de quinze ou seize

  1. Histoire (manuscrite) du château de Dangu, in-4o. Cet ouvrage m’a été communiqué par M. De Stabenrath, juge au tribunal civil de Rouen. — Essai généalogique sur la maison d’Alègre, manuscrit de la bibliothèque du roi. Ce manuscrit m’a été communique par M. Lacabane, employé dans cette bibliothèque.