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Bonnes-Nouvelles. Après le dîner on s’était diverti ; les uns avaient joué aux chevilles ; les autres avaient tiré des armes. Vers quatre heures après midi, quelqu’un vint leur dire « qu’il y avoit des raulletz proche du jardin. » A l’instant, ils prirent tous leurs armes ; mais il se trouva que « c’estoient vingt cuyrasses qui sortoient de Rouen. » Cependant, l’heure étant venue de retourner à la ville, on partit du jardin. Arrivée au bord de la rivière, cette société, trop nombreuse pour qu’un seul bateau pût la contenir, se partagea dans deux barques. Pollart père, le capitaine Le Duc et quelques arquebusiers se mirent dans l’une ; Pollart fils se mit dans l’autre, avec le reste de la société. Pollart père conduisait la première barque ; son fils conduisait la seconde. Pour ègayer la traversée, on commença par se jeter de l’eau d’un bateau dans l’autre. L’aviron du fils Pollart étant venu à se rompre, un de ses camarades se mit à sa place avec un autre aviron. Lorsqu’on fut fatigué de se jeter de l’eau, on se salua d’une barque à l’autre, à coups d’arquebuse. Le fils Pollart prit la sienne « n’ayant congnoissance qu’il y eust dedans icelle aultre chose qu’une charge de pouldre qu’il y avoit mise au partir de Rouen, et sans aucun plomb. » Mais malheureusement elle était chargée ; il tira, et, chose lamentable ! d’un seul et même coup il atteignit à la tête son père et le capitaine Le Duc.