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aperçu l’abbé d’Orbais et ses gens, ils se mirent à leur poursuite, et reconnurent, à la piste des chevaux, une maison du village de Verdon où leurs ennemis s’étaient cachés. Ils allumèrent un feu à la porte de cette maison, ce qui effraya un des valets de l’abbé d’Orbais, qui ouvrit la porte pour s’enfuir. Cette porte étant ouverte, l’abbé d’Orbais tira un coup de pistolet sur Du Breuil et sa suite. Chrestien Du Breuil, François De Gommer, son frère, et De Malherbe, leur beau-frère, se précipitèrent sur l’abbé, l’épée et le pistolet à la main ; l’abbé tomba mort.

Ces jeunes gens ainsi échauffés, et les parens de ceux qu’avait tués naguère l’abbé d’Orbais, se précipitèrent sur son cadavre, et criblèrent ce corps inanimé de coups d’épée et d’arquebuse. « Aulcuns d’iceulx marchèrent dessus, le foullant aux pieds. » En ce moment, Chrestien Du Breuil tomba à genoux, les larmes aux yeux, les mains levées vers le ciel, en s’écriant : « D’ores en advant, je pourray aller la teste haulte, ayant eu la raison de l’homicide commis en la personne de deffunct mon père ; et, cela faict, s’en alla à son esglise, faire son oraison à Dieu. » Mouvement étrange, qui contrastait fort avec l’assassinat prémédité qu’il venait de commettre ! Mais ce mélange d’idées de vengeance et de sentimens religieux peint à merveille l’esprit du tems. En vain l’Évangile avait flétri énergiquement