Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/390

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Bourbon avait entendu le commencement du discours avec une impatience très-marquée, mais à ce mot de détestable, il entra en fureur (dit le président De Thou) ; s’élançant de sa place, il courut se jeter aux genoux du roi, avec autant d’empressement, dit encore De Thou, que s’il se fût agi de sa dignité, de ses biens et de son salut éternel, suppliant humblement sa majesté d’obliger le président La Guesle à lui donner satisfaction, ainsi qu’à l’église de Rouen, sur l’outrage sanglant qu’il venait de leur faire. Henri III, un peu ému de cette scène qui tenait du tragique, se contenta cependant, pour l’heure, de dire au cardinal de se relever et de demeurer tranquille[1]. Le faible prélat, qui avait déjà des engagemens avec la ligue, tenait beaucoup à ce privilége, parce qu’il lui donnait de l’importance dans le parti, en lui offrant les moyens de sauver quelques personnages qui avaient servi la cause ou qui s’y attachaient par reconnaissance du bienfait reçu. Tout ce qu’il y avait, en France, de scélérats qui désespéraient d’obtenir leur grâce de la clémence du roi, couraient en foule à cet asyle, et recherchaient la faveur du cardinal de Bourbon pour y être reçus ; et ce cardinal, que les factieux commençaient à flatter de l’espérance de la couronne, n’accordait cette grâce qu’à leur recommandation. Par ce moyen,

  1. De Thou, livre 78°.