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peignait l’effroi, et ce sentiment n’était que trop de saison ; car les gentilshommes huguenots venaient d’entrer dans l’église de Vire, dans ce temple que naguère ils avaient dévasté ; et quel pouvait être leur dessein ? Le sieur De Bressey, l’un d’eux, était tenu à de certaines rentes envers la fabrique ; n’y avait-il pas lieu de craindre qu’il ne fût venu, ainsi accompagné, pour enlever les titres de ces rentes ? Cette appréhension paraissait d’autant plus légitime, que le sieur De la Forêt, gendre du sieur De Bressey, venait de placer des soldats tout près de la trésorerie où étaient les contrats de l’église. De plus, le bruit courait que le beau-père et le gendre voulaient s’emparer d’une obligation que le comte de Montgommery avait signée, pour tranquilliser les habitans, lorsqu’il avait enlevé les reliques de l’église de Vire. Les trois députés supplièrent M. De Malherbe et ses amis de venir au secours de l’église, menacée encore une fois par les huguenots. La religion à défendre, leurs injures personnelles à venger, il n’en fallait pas tant. Malherbe « partit de cholère », suivi de ses amis au nombre de quinze ou dix-huit. Comme il entrait dans l’église, le sieur De Villiers, l’un des gentilshommes protestans, le frappa dans l’estomac en lui adressant des injures ; alors « Malherbe tira sa dague, et luy donna une estocade dont il mourust à l’instant mesmes. »

Des ecclésiastiques, des gentilshommes, des