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contre les rebelles. Il s’était signalé, surtout en 1568, lors de la défense de Chartres contre les protestans, commandés par le prince de Condé ; c’était en cette occasion qu’il avait reçu le collier de l’ordre du roi. Mais l’assassinat d’une épouse, d’une femme de la noble maison d’Apchier, n’était pas un crime dont il pût espérer la rémission par les voies ordinaires. « Je m’asseûre, dit-il au chapitre de Rouen, que tous les services que je peulx avoir faictz ne pourront induyre le roy à me donner pardon de mon crime. Par quoy, désespérant de la faveur des hommes, auxquelz ne veux avoir recours, je jecte mon espoir et actente du tout à la miséricorde de Dieu, par l’intercession de sa bienheureuse et digne mère et de tous les benoitz sainctz de paradis, et signantement de monseigneur sainct Romain, confessant que, en une seule heure, j’ay mérité ung million de foys perdre la vye. » Le profond repentir de Montboissier, et ses longs services, intéressèrent le chapitre en sa faveur. On savait d’ailleurs que Charles IX, qui lui avait refusé sa grâce, l’avait, toutefois, fait conduire de Nemours à Rouen par le prévôt de l’hôtel et des archers, évidemment pour le mettre à portée de solliciter la fierte. Le chapitre lui donna donc ses suffrages, le jour de l’Ascension. Au parlement, ce choix rencontra quelque opposition. L’avocat-général Emeric Bigot ne fut pas favorable au prisonnier.