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qu’il vint en la congnoissance des prochains parents et amys de Jacques Sore… et cryoit le commun peuple par la ville d’Eu : « C’est Jacques Sore, que les gens de madame la comtesse tuent, et sont quinze ou seize contre luy. » — « A laquelle clameur populaire, et pour subvenir à Jacques Sore, survinrent plusieurs habitans, muniz de hallebardes, javelines, espées et autres bastons invasibles », qui contraignirent les officiers de la comtesse à se retirer, les uns au château, et les autres dans l’hôtellerie du Mouton d’or où ils étaient logés. Mais ils emportaient avec eux les manteaux et les armes de ceux qu’ils avaient précédemment vaincus. Alors les bourgeois d’Eu « eurent parolles ensemble des excèz, malfaçons, pilleries et emportz de leurs biens, que leur avoient faictz les dictz officiers… l’ung disoit sa cappe luy avoir esté ostée ; l’autre son manteau ; l’autre sa guiterne[1] ; l’autre son chapeau : l’autre sa courte-dague : et tous s’escryoient « qu’ilz estoient bien malheureux d’endurer estre ainsy traictéz, eux qui estoient enfans de la ville, par les dictz estrangers ; qu’il ne leur seroit loisible, à l’advenir, aller nuitamment par la ville, sans danger d’estre pilléz ou robéz, et que telle injure à eux

  1. Carpentier, au mot guiterne, prouve que la guiterne était un instrument de musique à cordes. Il semble qu’ici ce mot a une autre signification, et qu’il s’agit d’une arme.