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sûretés avec Jacques Sore, dont le père et le beau-père souscrivirent, le lendemain de l’Ascension, un acte par lequel ils s’obligeaient à le représenter au chapitre, lorsqu’ils en seraient requis, ou, à faute de ce faire, à payer solidairement au chapitre la somme de « mille escus d’or au soleil. » Quelques détails sur le fait qui avait mis Jacques Sore dans la nécessité de recourir au privilège de la fierte, ne seront pas sans intérêt pour le lecteur. Dans le mois de mars 1547, la duchesse de Nevers, comtesse d’Eu, avait fait « son entrée dans la ville et chasteau d’Eu, accompaignée de plusieurs gentilzhommes et officiers. » Quinze jours après, « le dimanche des Rames », dans une rue voisine de la place, une rixe eut lieu entre les officiers de la princesse et quelques habitans de la ville d’Eu ; on se battit ; les officiers eurent le dessus, et prirent à leurs adversaires vaincus, « leurs espées, manteaulx, cappes, courtes-dagues et guiternes. » Jacques Sore survint, et fut reconnu par quelques uns de ses parens, qui étaient au nombre des battus, et ils implorèrent son assistance. « Jacques Sore, soy adrécha aus diz officiers en doulces et bénignes parolles », en les priant de restituer ce qu’ils avaient pris à ses cousins. Ces officiers ne lui répondirent que par cinq ou six coups d’épée, qu’il para avec beaucoup de bonheur. « Et de ce conflict le bruit fut tellement, en ung instant, publié en la ville,