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les rois de France, de délivrer tous les ans, au jour de la passion de Jésus-Christ, un prisonnier convaincu de crimes irrémissibles[1], et cela en mémoire du pardon que naguère, à pareil jour, Jésus-Christ avait obtenu pour le genre humain ; nous avons vu ci-dessus la fierte donnée à de grands coupables auxquels le roi avait refusé leur grâce le jour du Vendredi-Saint. Il ajouta que, pour l’autorité du roi et le bien public, « la justice devoit estre administrée, nonobstant le dict privillége, attendu que le roy Henry deuxième, en advenant au trône, avoit ordonné la continuation de la justice et n’avoit pas confirmé le privilége. » Étrange équivoque, et peu digne, assurément, d’un homme aussi sincère et aussi éclairé que Laurent Bigot de Thibermesnil ! Henri II, à son avènement au trône, avait écrit au parlement de Rouen, comme aux autres cours souveraines du royaume ; « Vous continuerez, nonobstant ceste présente mutation intervenue, la séance de nostre parlement[2]. » Mais le sens de cette lettre était clair, et Bigot avait-il pu s’y méprendre ? C’était anciennement une question controversée, que celle de savoir si, à la mort d’un souverain, les magistrats, les corps délégués par

  1. Défense du privilége de saint Romain, par Dadré, chanoine de Rouen, pag. 40.
  2. Lettre du 31 mars 1546. (Registres du parlement.)