Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/275

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sa vye serviteur de la maison de ceste dame. » Maltraitée par lui, elle en avertit le baron Des Essars qui envoya ses fils Charles et Antoine chercher leur grand’mère avec une litière. Comme ils l’emmenaient, elle fut « poursuyvie et rescousse » et, pour l’avoir ainsi « prinse et admenée, ils furent accusés de rapt. » Jusque-là, ils étaient fort innocens, mais « par despit de ce, ilz alèrent dans la maison de Chantelou, où ils prindrent et emportèrent les biens meubles appartenans à leur grand’mère, oultre le gré et volonté du dict Dumouchel son mary. » Ce fut le premier crime de ces jeunes gens ; en voici un autre plus grave :

Étant allés à Saint-Avon « pour deffendre ung gentilhomme nommé Contremoulins, qui estoit assailly par la commune du dict lieu, ilz meirent les mains aux espées, et repoulsèrent de faict et de force la dicte commune, dont il advint que, en la presse du dict débat, il tomba ung homme et une femme dedans ung puitz, et en moururent. »

Une autre fois, Charles et Antoine, accompagnés de Guy leur frère, partant pour aller à la guerre, rencontrèrent, entre Aunay et le pont de la Mousse, « ung nommé Macé Carrel, lequel ilz prindrent et lyèrent comme criminel de faulse monnoye (ce qui était controuvé), et ilz donnèrent des coups à sa femme lors enceinte d’enfant, à cause de quoy elle advança le terme de son enfantement. »