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bienfaisant. Les dragons ailés que l’on portait aux processions, images du démon, tantôt vainqueur, tantôt vaincu, furent regardés, à la longue, par le peuple, comme les dépouilles de dragons de chair et d’os, domptés naguère par les saints évêques plus particulièrement révérés dans les diocèses. Chaque dragon eut bientôt son histoire particulière, et les légendes se multiplièrent à l’infini. La Tarasque de Tarascon ; la Grand’gueule de Poitiers ; le Graoulli, (ou Kraoulli) de Metz ; la Chair salée de Troyes ; la Kraulla de Reims ; le Dragon de Louvain ; le Dragon de Saint-Marcel, à Paris, ne sont guère moins célèbres que la Gargouille de Rouen. Comme chaque église cathédrale avait son dragon, que l’on portait dans les processions, chaque cathédrale eut aussi son saint évêque, vainqueur d’un dragon, d’un serpent monstrueux dont il avait purgé le pays. Ainsi, sans parler de saint Georges et de son dragon, si connus de tous, l’île de