Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/237

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’entendaient parler du privilége que pour la première fois, et ignoraient les abus que l’on avait pu commettre sous son nom. L’échiquier permanent se trouvait dans une toute autre sphère. Première cour souveraine en Normandie où il représentait le roi, investi du droit de rendre sans appel la justice au nom du monarque, ce tribunal dut voir d’un œil peu favorable un autre droit encore plus auguste que celui qui lui avait été délégué, le droit de faire grâce, exercé, chaque année, avec beaucoup d’éclat et de solennité, par un collège de prêtres, et devenu, en leurs mains, à l’égard du prisonnier élu et de ses complices, plus étendu et plus efficace qu’il ne l’était dans les mains du souverain. Dans l’intérêt de la couronne, dont les droits étaient confiés à sa garde, l’échiquier dut s’opposer aux accroissement d’un pouvoir déjà assez exorbitant ; il dut même mettre en question ce pouvoir lui-même, lorsque les rois de France venaient à mourir ; le nouveau souverain lui paraissant bien le maître, à son avènement au trône, de reprendre son droit royal, que ses prédécesseurs avaient pu aliéner pour eux, mais non pour lui. D’ailleurs, cette cour étant stationnaire, voyant les choses sans cesse et de près, et prenant note exacte des abus, avait, à la fois, et les moyens et le tems de les poursuivre. Ajouterons-nous qu’une compagnie puissante, investie d’un ministère de justice et de rigueur, pouvait ne pas