Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/231

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Vieille-Tour, la procession, au lieu de rentrer de suite à Notre-Dame comme à l’ordinaire, prit sa marche par la rue du Grand-Pont et la rue aux Gantiers, pour se rendre au château. Toutes les paroisses de la ville étaient là avec leurs bannières, leurs croix et leurs châsses, au milieu desquelles la fierte de saint Romain et le prisonnier qui la portait attiraient tous les regards. Les religieux de Saint-Ouen et ceux du prieuré de Saint-Lô étaient venus, par ordre du roi, grossir encore l’innombrable cortège, au-dessus duquel planaient les deux gargouilles aux gueules béantes. Cette procession, conduite par l’archevêque Robert De Croismare, revêtu de ses ornemens pontificaux, entra dans le château par la porte de devant, sortit par celle des champs, et revint à Notre-Dame par la porte Bouvreuil, après avoir défilé lentement devant Charles VIII et devant une cour nombreuse, où l’on remarquait, outre tous les princes et seigneurs que nous avons vus figurer à l’échiquier, plusieurs princesses, et surtout Anne de France, dame de Beaujeu, sœur du roi, et toutes les dames de sa suite. Ce fut une belle journée pour le privilège. Jamais il n’avait brillè d’un si vif éclat : un vieux chroniqueur nous l’assure, et il n’est pas difficile de l’en croire, cette cérémonie intéressa vivement Charles VIII, le duc d’Orléans, le comte de Richemont, les princes, les seigneurs, les chevaliers et les nobles dames. Dans