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présentèrent leur requête, et demandèrent, en même tems, à voir les prisonniers du Palais-Royal. Le comte répondit d’abord à cette dernière demande. Depuis quelques jours, on avait amené dans la forteresse confiée à sa garde, des Armagnacs[1] prisonniers de guerre, que les Anglais ne voulaient, pour rien au monde, laisser communiquer avec les habitans de la ville. « J’ay, leur dit-il, parlè avec le bailly, le viconte et les gens du roy ; et je treuve que le privilège ne s’estent fors (que) sur crimineulx estans èz prisons de la justice. » « Le privilège, répondirent les chanoines, se estent sur tous prisonniers détenus en prison, estant à Rouen en quelques lieux qu’ilz ayent esté mis, et de quelque condicion et estat qu’ilz soient. Ainsi a esté accoustumé ès temps passéz, et les ouïr en confession. » Le comte répondit : « Je vous certifie que je n’ay prisonnier céans qui ne soit Armignac. Et que je vous donne congié de parlera eulx, sans le congié du Roy, non feray. » Puis, les apostrophant avee colère, il ajouta ; « Voullèz vous parler avec Armignacz ? Par saint George, se vous parlès vous aller le grand chemin, gardés les bonnes coustumes et laissiés les maulvaises. » « Nous ne vouldrions, répliquèrent les chanoines,

  1. On appelait Armagnacs ceux qui suivaient le parti du duc d’Orléans, gendre du comte d’Armagnac.