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de faire les processions ordinaires des Rogations. Ces trois premiers jours, comme on ne connaissait encore que vaguement dans la ville les démêlés entre les magistrats et l’église, tout s’était passé fort tranquillement. Mais, le jour de l’Ascension, lorsque la procession sortit avec la châsse révérée de Saint-Romain, et que l’on sut qu’il n’y aurait point de prisonnier délivré pour la lever, « fu grant murmure de peuple contre les gens de justice du roy », et peu s’en fallut qu’il n’y eût une sédition. « Les gens de justice du roy, pour éviter commotion de peuple, faisoient cryer par les rues que ce n’estoit point par eulx qu’il n’y avoit pas de prisonnier délivré, mais par les gens de l’esglize qui voulloient avoir greigneur (plus grand) prévilleige que aultrefoiz[1]. » Ce mensonge, répandu à propos, tint la multitude en suspens, et le mouvement populaire s’arrêta presque aussi-tôt.

Le lendemain de l’Ascension, par ordre du chapitre, plusieurs chanoines, accompagnés de chapelains, allèrent au bailliage, et, s’adressant au lieutenant-particulier du bailli, lui dirent : « Monsieur le lieutenant, vous savés comme l’usage du prévilliége de Saint Romain vous a esté insinué aultreffoys, lequel n’a point encore sorti son effect. Et, pour ce, messieurs de chapitre nous envoient

  1. Manuscrit de la bibliothèque du roi, xve siècle.