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l’opiniâtreté inflexible avec laquelle, en cette occurrence, il repoussa toutes les représentations qu’on voulut lui faire, semblaient déceler en lui de sinistres desseins contre ce privilège. Il y eut grande rumeur au chapitre. Les chanoines s’écrièrent qu’on attentait au privilège de saint Romain, que l’on méconnaissait leur droit, que l’on portait atteinte à la liberté de leurs suffrages. Le jour de l’Ascension ils ne désignèrent point de prisonnier pour lever la fierte, mais ils se rendirent processionnellement, comme de coutume, avec toutes les châsses de la cathédrale, à la place de la Vieille-Tour. Là, par l’ordre du chapitre, un de ses orateurs, et peut-être n’avait-on pas choisi le plus modéré de tous, raconta au peuple ce qui s’était passé entre le bailli et l’église. On peut imaginer l’effet de cette communication officieuse et de ces doléances, sur une population dévouée au clergé, enthousiaste du privilège, et déjà indisposée de ne point voir ce prisonnier, objet pour elle d’une si ardente curiosité, d’un si vif intérêt. Pour ne point laisser se refroidir les sentimens sympathiques qu’avait excités cette harangue, le chapitre eut recours à un moyen que déjà, il avait employé avec succès. Aux yeux des habitans de Rouen, il n’y avait rien de plus auguste et de plus sacré que la fierte de Saint-Romain, où reposaient les vénérables restes du saint pontife. Cette fierte était pour la ville comme un palladium