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et ordre à tous de se tenir prêts sans faute pour la cérémonie. Grand émoi, aussitôt, dans les treize paroisses, où de longtemps, j’ignore pourquoi, n’avaient eu lieu de visites d’archidiacre. Mais, à quelques jours de là, émoi bien autre encore, quand on sut ce qui se passait dans les sept doyennés visités les premiers par l’archidiacre Raffin, et qu’à Douvres, à Troarn, à Condé-sur Noireau, à Cambremer, à Maltot, dans le Cinglais, partout enfin, à la voix de cet enragé liturgiste, la terreur des curés, ceux-ci, ô désespoir ! s’étaient vus tous contraints, bon gré mal gré, de mettre bas devant lui leur étole pastorale. L’étole pastorale, entendez-vous, cette marque de leur juridiction, cet insigne de leur dignité curiale, précieux pour eux sur toute chose, comme à un évêque la croix d’or qui pend sur sa poitrine, à un maréchal de France son bâton, à un président de parlement son mortier de velours aux larges galons d’or et sa fourrure. L’étole, de tout temps, si chère aux curés, mais chère aussi outre mesure aux archidiacres qui, presque tous, jadis, au jour de leur visite, la voulaient porter seuls, à toute force, et ne pouvaient endurer que nul autre la portât en leur présence. L’étole, enfin, objet pendant deux siècles de nombreuses et très âpres disputes ; de pis que cela, si je voulais bien dire, mais, en tous cas, de procès sans nombre, suivis des deux parts, en Normandie