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à ces quatre infortunés que d’appeler à leur secours ce peu de force qu’en haut la prière leur avait donnée, déjà ils récitaient ces autres prières suprêmes et désespérées, à l’usage des chrétiens qui vont mourir. Mais ô merveille ! ce peuple, ces cris, dont ils se sont fait peur, c’était le signal de leur inespérée délivrance ; l’assassin est enfin découvert ; c’est Louis Gohé ; il a confessé son crime ; il explique tout, et reconnaît n’avoir pas eu de complices. Louis Gohé ! À ce nom, les quatre malheureux, si inopinément arrachés à l’échafaud, et que, seule, semblait pouvoir toucher en ce moment une transition si miraculeuse de la mort à la vie, à ce nom trop connu d’eux, vous les eussiez vus tomber anéantis de surprise et d’horreur. Louis Gohé ! lui, l’assassin de cette vieille dame qui, en tout temps, s’y était fiée, et, en tout temps, l’avait comblé de bontés ; lui, toujours bien venu chez elle ; lui, de la maison presque autant qu’eux-mêmes ; lui, d’ailleurs, pourvu, grâce encore à sa malheureuse victime, d’une profession qui lui permettait de vivre à l’aise ! D’abord ils refusaient de le croire. Comment, toutefois, résister à des preuves plus éclatantes que le soleil ? Qu’on imagine surtout l’horreur des juges, en apprenant, de Gohé lui-même, que longtemps il avait nourri en son cœur un dessein si noir ; que, déjà, cinq mois auparavant, entrant de nuit dans la chambre de sa