Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/334

Cette page a été validée par deux contributeurs.

perdre. Imitations imparfaites, grossières ébauches, mais sincères et naïves actions de grâces, dont Dieu assurément ne tenait pas moins de compte que des plus insignes chefs-d’œuvre de l’art.

Cette église, debout encore aujourd’hui après tant de siècles, mais vieille, décrépite, tombant de vétusté et qui ne sera plus tout-à-l’heure, combien elle a vu de générations agenouillées sous ses voûtes qui s’affaissent ; combien de cœurs s’y sont épanchés ; que de secrets vont périr avec elle ; que de grâces elle vit octroyer, de faits merveilleux s’accomplir ! Si les hommes pouvaient en douter, ses pierres, oui, ses pierres en rendraient témoignage avant de se disjoindre et de tomber en poussière ! Or, de tant d’histoires, innombrables comme les étoiles du ciel, il me tardait de vous en redire une, que m’ont racontée les vieillards.

À Rouen, donc, en 1772, sur la paroisse Saint-Laurent[1], vivait, révérée et chère à tous, une noble femme âgée de quatre-vingt-six ans, l’honneur d’un sexe, l’admiration de l’autre, haute et puissante dame Marie-Suzanne Robert, veuve de messire Henri Du Quesne de Brothonne, qui, naguère, comme ses aïeux, avait siégé au parlement de Normandie avec honneur ; une

  1. Rue de l’Écureuil, dans la maison qui porte aujourd’hui le no 15, et dont M. Portal, avoué, occupe une partie.