Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/315

Cette page a été validée par deux contributeurs.

souvent, Cideville et son ami Formont y firent applaudir des vers heureux et faciles, de petits poèmes que Voltaire prisait, et que, même, il avait corrigés quelquefois. Or, n’était-ce pas là, pour Rouen, une Académie qu’il ne s’agissait plus que de reconnaître ; et que tardait-on de le faire ? À de tels hommes, sans doute, revenait de droit le legs de Le Gendre ; c’était bien à eux, à eux seuls assurément, qu’en testant il avait songé, et, enfin, pour que Rouen eût une Académie, que restait-il que de gagner le malencontreux et interminable procès de Paris ?

Ce procès, l’Hôtel-de-Ville de Rouen l’avait vivement pris à cœur. Même, deux Échevins, envoyés exprès à Paris, tenant tête aux Le Gendre, y protégeaient avec ardeur la cause des Lettres ; et n’était-ce pas là faire encore les affaires de la cité ? — Mais, longtemps avant eux, était arrivé le conseiller Cideville (l’une des gloires du Parlement de Normandie), homme plein de dévoûment et d’ardeur, qui, en une telle rencontre, ne s’épargnait pas, on peut le croire ; Cideville, le confrère, l’ami, le député des doctes habitués du petit jardin de Bouvreuil ; magistrat ami des Lettres, qu’il cultivait avec amour et succès ; estimé de Fontenelle ; cher à Voltaire ; ajoutons : le plus serviable de tous les mortels, « un homme se levant chaque jour, à quatre heures du matin, pour les affaires des