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faire. Que fallait-il en cour, surtout les dames s’en mêlant, pour perdre la meilleure cause du monde ! D’aller brusquement en avant, pour se voir contraint de reculer plus tard, n’était point de la prudence. Toujours donc il donnait à bas bruit son mot d’ordre, sans trop paraître se soucier de ce que pourrait faire Mme de Villars qui, très exacte elle-même à donner le sien, trouvait fort à redire que d’autres voulussent s’en ingérer aussi.

La duchesse, toutefois, avec le temps, avait paru se modérer un peu, s’indigner moins, écouter la raison, se résigner même à ce commandement en partage. Et quand, se radoucissant davantage de jour en jour, elle en vint plus tard à parler de conciliation, que même le mot de transaction sortit une fois de sa bouche, la joie fut grande parmi les échevins et conseillers de la cité. De vrai, il y avait bien six semaines que cette affaire les tenait en cervelle, et que, chaque jour, ce n’avaient été, de leur part, qu’allées et venues de la duchesse au premier président, de ce magistrat à la duchesse, puis d’elle encore au premier président, sans jamais finir, sans surtout parvenir jamais à les contenter ni l’un ni l’autre, lorsqu’un jour pourtant M. de Frainville les vit revenir à lui tout joyeux, comme il semblait d’une ouverture qu’ils avaient eu charge de lui faire. Mme de Villars, tout bien considéré, allait re-