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voulez, en votre procès-verbal, MM. tel et tel, pour l’exemple, mais ayez à rayer, tout à cette heure, M. Descamps, qui est fort de mes amis. » — « Monsieur, le procès-verbal est indivisible (lui répondit fièrement un de ces austères magistrats, jeune homme incorruptible qui, en un besoin, aurait, je crois, jugé son père) ; tous quatre ont failli, tous quatre seront punis, sauf le respect qui vous est dû. » — «  Mais, reprit le conseiller, tout surpris et déjà fâché, la Cour, par mon organe, vous ordonne de biffer ce nom sans tarder davantage. » — « La Cour ? qu’on nous montre donc son arrêt », répondit fièrement notre Brutus. » — « Eh quoi ! s’écria le conseiller passé de colère, il vous faut montrer des arrêts ? vous êtes de plaisantes gens, Messieurs de la Basoche ! allez, allez ! faites ce qu’il vous plaira ; mais tenez pour certain que vous entendrez parler de moi avant peu. » — « Monsieur, dirent-ils en se retirant, peut-être parlera-t-on de nous auparavant. » Ce qui ne manqua pas d’arriver, en effet, et sans qu’il tardât guère ; car, à quelques minutes de là, on lisait, placardée dans toutes les rues, à tous les carrefours, et jusque dans la cour du Palais, une sentence de la Basoche, imprimée en gros caractères, qui, sans faveur, sans acception de personnes, condamnait les quatre délinquants au maximum de l’amende, le peintre Descamps comme les autres.