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solennellement la grand’chambre et la tournelle assemblées. C’était la fille Clérot, condamnée à mort par le Bailliage de Rouen, pour prétendu vol domestique, et dont le Parlement allait proclamer l’innocence ; il n’était, alors, question d’autre chose : chaque jour pleuvaient mémoires, factums, plaidoyers, estampes, portraits qu’on s’arrachait par la ville ; les curieux les conservent encore.

Ce fut l’affaire de plus d’une audience ; on s’y portait en foule, de tous les coins de la ville : le Palais de Justice semblait une place prise d’assaut ; enfin, il y eut des curieux qui, faute de meilleures places, allèrent bravement s’asseoir jusque sur les bancs de messieurs du Parlement, pour voir les choses de plus près, et juger le cas avec plus de sûreté de conscience. Quelle fortune pour la Basoche, et la belle occasion pour elle d’instrumenter et de se faire de fête ! En hâte donc, un bon procès-verbal fut dressé contre quatre des délinquants les plus notables, contre le peintre Descamps, entre autres, le directeur de notre école de peinture, artiste distingué, et qui faisait honneur à notre ville. Mais un conseiller de Tournelle, M. Boullenger du Bosc-Gouët, avait trouvé fort mauvais qu’on s’en fût pris ainsi à un de ses amis, et les officiers de la Basoche furent mandés en son hôtel : « Çà, mes maîtres, leur dit-il, maintenez, si vous le