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demain matin, à la Buvette, conter le cas au Parlement, qui le savait déjà, de reste, messieurs de la grand’chambre se prirent à lui rire au nez, tout d’une voix, et sans qu’il fût besoin d’aller emprunter des membres aux autres chambres pour vider le partage.

C’était, de la part de nos seigneurs de la Basoche, débuter avec éclat, et prendre bravement et magistralement possession de leur prétoire. Mais écoutez quel autre justiciable, bien autrement important, vint, bientôt, paraître à leur barre. Rien moins, en vérité, que monsieur le lieutenant-général d’un bailliage du ressort. Un homme de cette qualité, et si haut placé, ne s’était-il pas avisé de prendre, maintes fois, pour une seule journée, plusieurs actes de comparution, qu’il s’était fait payer rubis sur l’ongle, lorsque, en bonne règle, il ne lui en était dû qu’un seul ? Mais il n’avait pas tant gagné à ce jeu, qu’il ne perdît, à la fin, vingt fois davantage, grâce à la Basoche, qui, l’interrogeant serré, lui prouva son fait, à ne pouvoir sourciller ni dire « : je n’y étais pas » ; et, par honneur et considération particulière pour sa dignité, lui appliqua, en grand respect, le maximum de l’amende ; et puis imaginez le bruit que cela fit en tous lieux !

Vint, bientôt, un procès criminel que jugeaient