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le siège de Casal par les Espagnols, la belle défense de Rouen par M. de Villars, étaient le thème le plus ordinaire de ces doctes leçons. Il y avait là tel vieux cordonnier inébranlable dans ses convictions, qui soupirait encore tout bas au nom de feu MM. de Guise et de Mayenne, encore bien que tout cela fût déjà presque de l’histoire ancienne. La gaudriole y était aussi de mise, et, quand on en était sur Saint-Godard, sur ses pompes, bobans et vanités, les six canons du Vieux-Palais auraient tonné tous ensemble, et Georges d’Amboise sonné en volée, que, ma foi ! ils s’en seraient souciés comme de la mouche qui vole. Combien il y avait été ri lors de la déconvenue de la magnifique bannière, vous l’avez vu tout à l’heure. Finalement, c’était sur cette boise qu’il avait été résolu, chambres assemblées, et par forme de règlement, qu’aux jeunes gens de Saint-Godard, l’esprit ne venait qu’à trente ans.

Et puis, étonnez-vous que les jeunes gens de Saint-Godard détestassent cette boise comme la peste. Oh ! se disaient-ils entre eux, si nous pouvions l’avoir, cette boise maudite, quel coup de partie ! Ce serait enlever aux Troyens leur palladium ; ce serait ravir à Samson sa chevelure et sa vertu.

Mais le moyen, je vous prie, d’aller engager une lutte, à force ouverte, contre des milliers d’ouvriers