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le jouet des rivalités de ces peuples, de leurs fureurs ? » Et nos maux, toutefois, allaient s’accroître encore ; car, la guerre étant venue bientôt à éclater entre nous et l’Angleterre, nos navires, alors, furent comme en proie à ceux de ces trois grands royaumes. En France, en Normandie, à Dieppe, surtout, l’indignation était au comble. Patience ! cette colère portera ses fruits tout à l’heure. Dans Dieppe, qui pleure ses enfants morts ou captifs, qui compte avec angoisse ses navires plus rares chaque jour, une jeunesse ardente, intrépide, a surgi, avide de hasards et de gloire, impatiente de venger tant d’affronts et de revers. Lorsqu’à nos États éplorés, Louis XIII a répondu, enfin, par la promesse solennelle d’armer des vaisseaux en guerre pour courir sus aux ennemis et aux écumeurs de mer, d’unanimes transports éclatent parmi tous ces jeunes hommes ; un cri de joie retentit le long de nos côtes. Qu’est-ce donc, quand, dans son port rendu tout-à coup à la vie, Dieppe voit armer, avec un grand appareil, ceux de ces vaisseaux qu’elle a pu sauver, tandis qu’on en construit d’autres, en toute hâte, dans ses chantiers si longtemps solitaires !

Le jour où les premiers prêts de ces navires, quittant nos rivages, ont tourné la proue vers l’immensité, semblant n’aspirer plus que périls et gloire, quels vœux ardents, que de vives prières pour ces enfants de