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regardant de travers leurs parties adverses, se disputant avec les clercs de la basoche, au sujet des éperons ; consultant, en grande perplexité, les avocats et procureurs, et Dieu sait pour quel sujet la plupart du temps ! Car, dans cette belle et vaste grand’chambre dorée du Parlement, dans ce sanctuaire auguste où s’agitaient, pour l’ordinaire, de si grands intérêts, d’où émanaient des décisions qui réglaient le sort de la province ; parmi de grands procès où il s’agissait d’immenses domaines en litige entre de nobles et puissantes familles, se faufilaient, parfois, de tout petits procès, pas plus gros que rien, sur le manche d’un balai, sur un pied de mouche, sur la pointe d’une aiguille, procès qui, parbleu ! n’étaient pas les moins opiniâtrement soutenus. Dans les grandes affaires, on voyait encore, de temps à autre, une transaction ; mais il ne fallait pas espérer d’arranger celles-là ; Bassompière se fut plutôt résigné à épouser mademoiselle d’Entragues. Et c’était presque toujours entre voisins que s’agitaient ces vétilles : le pommier de Claude étendait-il ses branches sur le fond de Gautier ? on se disputait les fruits. — Une poule avait-elle franchi une haie, et causé, sur les terres adjacentes, un notable dégât ? vite une action en dommages-intérêts ; et cent autres semblables gros points de droit. « N’êtes-vous pas honteux (disait