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LE PARDON

SONNET.


Lorsque mai s’est tressé sa couronne fleurie,
Qu’au verger le soleil rougit le bigarreau,
Que le vent du matin, balançant le sureau,
Emporte ses parfums à travers la prairie ;

Quand le ciel fait pleuvoir sa lumière attendrie
Sur les vieux toits moussus où dort le passereau,
Et qu’aux chansons d’amour du jeune pastoureau
Le ruisseau vient mêler sa longue jaserie,

Adam, le vieil Adam, lève son front maudit
De la tombe où, pensif, à nos malheurs il rêve…
Laissant errer sur tout son regard interdit,

Joyeux de retrouver l’azur, l’amour, la séve,
Il se penche, et, tout bas, il murmure à son Eve :
― Femme, ils sont pardonnés, comme Dieu l’avait dit ! ―