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PRIMAVERA


L’AUBE LOINTAINE.


Avril sur le gazon vient répandre sa joie :
La séve chaude monte aux branches du lilas ;
Le nid cache, discret, sous le rameau qui ploie,
Des pinsons amoureux les folâtres ébats.

Le long des grands murs blancs, où le soleil flamboie,
Lentement, vers midi, passent, tremblants et las,
Quelques pâles mourants que le passant coudoie,
Rieur ou soucieux, sans ralentir son pas.

Pour ceux-là, le printemps est l’aube de la tombe.
Les oiseaux et les fleurs regardent, curieux,
Ces fronts blêmes portant un sceau mystérieux ;

Et comme une promesse à l’être qui succombe,
Avril semble montrer à ses regards éteints
D’un ineffable jour les mirages lointains !…