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TROISIÈME PÉRIODE

LA COMTESSE DE CHAMBRUN

1827-1891


Marie-Jeanne Godard-Desmarest, née à Baccarat, seconde fille du grand industriel dont le père avait fondé la célèbre cristallerie, d’origine béarnaise par sa mère, épousa en 1853 le comte de Chambrun. D’une nature essentiellement poétique et sensible, elle ressentit vivement les grandes douleurs de l’âme : la perte d’une sœur, puis de sa mère. Elle souffrit beaucoup d’une existence oisive qu’elle emplissait cependant autant qu’elle pouvait par les bonnes œuvres et l’art. Profondément musicienne, élève de Reber, les dernières années de sa vie furent occupées surtout à faire entendre chez elle, dans une superbe chapelle, et dans un recueillement religieux, les chefs-d’œuvre de la musique. Son mari avait perdu la vue.

« Philosophe, il avait organisé avec méthode sa vie d’aveugle qui renonce volontiers à la lumière du jour, pourvu que cette obscurité extérieure rende encore plus vive et plus pure la lumière du dedans. » Elle l’initiait aux jouissances musicales.

Ces concerts spirituels réunissaient des artistes tels que Mme Krauss, Conneau, l’orchestre de Colonne, et le Tout-Paris s’efforçait de s’y faire inviter. La comtesse de Chambrun était poète. Une