Page:Alquie - Anthologie feminine.djvu/261

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
247
TROISIÈME PÉRIODE

J.-J. Rousseau ; Sophie, comédie, et Jane Grey, tragédie ; Recueil de morceaux détachés, Réflexion sur la paix intérieure et la paix extérieure, De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations, De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales, Delphine, Corinne, ou l’Italie ; l’Allemagne, Dix années d’exil, etc.


INVOCATION DE CORINNE

Italie, empire du soleil ! Italie, maîtresse du monde ! Italie, berceau des lettres ! je te salue. Combien de fois la race humaine te fut soumise, tributaire de tes armes, de tes beaux-arts et de ton ciel !

Un dieu quitta l’Olympe pour se réfugier en Ausonie ; l’aspect de ce pays fit rêver les vertus de l’âge d’or, et l’homme y parut trop heureux pour l’y supposer coupable.

Rome conquit l’univers par son génie et fut reine par la liberté. Le caractère romain s’imprima sur le monde, et l’invasion des barbares, en détruisant l’Italie, obscurcit l’univers entier.

L’Italie reparut avec les divins trésors que les Grecs fugitifs rapportèrent dans son sein ; le ciel lui révéla ses lois ; l’audace de ses enfants découvrit un nouvel hémisphère ; elle fut reine encore par le spectre de la pensée, mais ce spectre de lauriers ne fît que des ingrats.

L’Imagination lui rendit l’univers qu’elle avait perdu. Les peintres, les poètes, enfantèrent pour elle une terre,