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CACAOYER — LI-TSCHI

matériaux de l’herbier de Kew, ne cite aucune localité où l’espèce soit indigène. Elle a peut-être été introduite dans l’Amérique centrale et dans les parties chaudes du Mexique, par les Indiens, avant la découverte de l’Amérique. La culture peut l’avoir naturalisée çà et là, comme on dit que cela est arrivé à la Jamaïque[1]. A l’appui de cette hypothèse, il faut remarquer que M. Triana[2] indique le Cacaoyer seulement comme cultivé dans les parties chaudes de la Nouvelle-Grenade, pays situé entre la région de l’Orénoque et Panama.

Quoi qu’il en soit, l’espèce était cultivée dans l’Amérique centrale et le Yucatan lors de la découverte de l’Amérique. Les graines étaient envoyées dans les régions hautes du Mexique, et même elles y servaient de monnaie, tant on en faisait cas. L’usage de boire du chocolat était général. Le nom de cette excellente boisson est mexicain.

Les Espagnols ont transporté le Cacaoyer d’Acapulco aux îles Philippines en 1674 et 1680[3]. Il y réussit à merveille. On le cultive aussi dans les îles de la Sonde. Je présume qu’il réussirait sur les côtes de Zanzibar et de la Guinée, mais il ne convient pas de l’essayer dans les pays qui ne sont pas très chauds et humides.

Une autre espèce, le Theobroma bicolor, Humboldt et Bonpland, se trouve mélangée avec le Cacaoyer ordinaire dans les cultures américaines. Ses graines sont moins estimées. D’un autre côté, elle n’exige pas autant de chaleur et peut vivre, jusqu’à 950 mètres d’élévation dans la vallée de la Magdelana. Elle abonde, à l’état spontané, dans la Nouvelle-Grenade[4]. Bernoulli assure qu’elle est seulement cultivée à Guatimala, quoique les habitants la nomment « Cacao de montagne ».

Li-Tschi. — Nephelium Lit-chi, Cambessèdes.

La graine de cette espèce et des deux qui suivent est revêtue d’une excroissance charnue (arille), très sucrée et parfumée, qu’on mange volontiers en prenant du thé.

Comme, en général, les Sapindacées, les Nephelium sont des arbres. Celui-ci est cultivé dans la Chine méridionale, l’Inde et l’archipel asiatique, depuis un temps qu’on ne peut préciser. Les auteurs chinois ayant vécu à Peking n’ont connu le Li-Tschi que tardivement, au IIIe siècle de notre ère[5]. L’introduction dans le Bengale date de la fin du XVIIIe siècle[6].

Tout le monde admet que l’espèce est du midi de la Chine, et Blume[7] ajoute de la Cochinchine et des Philippines, mais il ne

  1. Grisebach, l. c.
  2. Triana et Planchon, Prodr. Floræ Novo-Granatensis, p. 208.
  3. Blanco, Flora de Filipinas, éd. 2, p. 420.
  4. Kunth, dans Humboldt et Bonpland, l. c. ; Triana, l. c.
  5. Bretschneider, lettre du 23 août 881.
  6. Roxburgh, Fl. indica, 2, p. 269.
  7. Blume, Rumphia, 3, p. 106.