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PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS

Mammei ou Mammei-Sapote. — Lucuma mammosa, Gsertner.

Cet arbre fruitier, de l’Amérique tropicale et de la famille des Sapotacées, a donné lieu dans les ouvrages de botanique à plusieurs méprises[1]. Il n’a pas encore été figuré d’une manière complète et satisfaisante, parce que les colons et les voyageurs le croient trop connu pour en envoyer des échantillons bien choisis, qu’on puisse décrire dans les herbiers. C’est du reste une négligence assez fréquente lorsqu’il s’agit de plantes cultivées.

Le Mammei est cultivé aux Antilles et dans certaines régions chaudes du continent américain. M. Sagot nous dit qu’il ne l’est pas à Cayenne, mais bien dans le Venezuela[2]. Je ne vois pas qu’on l’ait transporté en Afrique ou en Asie, si ce n’est aux îles Philippines[3]. C’est à cause, probablement, de la saveur trop fade de son fruit.

Humboldt et Bonpland l’ont trouvé sauvage dans les forêts des missions de l’Orénoque[4]. Tous les auteurs l’indiquent dans les Antilles, mais comme cultivé, ou sans affirmer qu’il soit spontané. Au Brésil il est uniquement dans les jardins.

SapotillierSapota Achras, Miller.

Le fruit du Sapotiller est le plus estimé de la famille des Sapotacées et l’un des meilleurs des régions intertropicales. Une Sapotille plus que mûre, dit Descourtilz dans sa flore des Antilles, est fondante et offre les doux parfums du miel, du jasmin et du muguet. L’espèce est très bien figurée dans le Botanical Magazine, pl. 3111 et 3112, ainsi que dans Tussac, Flore des Antilles, 1, pi. 5. On l’a introduite dans les jardins de l’île Maurice, de l’archipel asiatique et de l’Inde, depuis l’époque de Rumphius et Rheede, mais personne ne doute de son origine américaine.

Plusieurs botanistes l’ont vue à l’état spontané dans les forêts de l’isthme de Panama, de Campêche[5], du Venezuela[6] et peut-être de la Trinité[7]. A la Jamaïque, du temps de Sloane, elle existait seulement dans les jardins[8]. Il est bien douteux qu’elle soit sauvage dans les autres Antilles, quoique peut-être des graines jetées çà et là l’aient naturalisée jusqu’à un certain degré. Dans les plantations, les jeunes pieds ne sont pas faciles à élever, d’après Tussac.

  1. Voir la synonymie dans Flora brasiliensis, vol. 7, p. 66.
  2. Sagot, dans Journal Soc. d’hort. de France, 1872, p. 347.
  3. Blanco, Fl. de Filipinas, sous le nom d’Achras Lucuma.
  4. Nova genera, 3, p. 240.
  5. Dampier et Lussan, dans Sloane, Jamaïca, 2, p. 172 ; Seemann, Bot. of Herald, p. 166.
  6. Jacquin, Amer., p. 59 ; Humboldt et Bonpland, Nova genera, 3, p. 239.
  7. Grisebach, Flora of brit. W. Ind., p. 399.
  8. Sloane, l. c.