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PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS

avant les Aryens on aurait peut-être quelque nom particulier dans la langue basque, ou l’on aurait trouvé des graines dans les habitations lacustres de Suisse et Savoie, mais cela ne s’est pas présenté. Les peuples voisins du Caucase ont des noms tout différents du grec : en tartare Kiar, en Kalmouk Chaja, en arménien Karan[1]. Le nom Chiar existe aussi en arabe pour quelque variété de Concombre[2]. Ce serait donc un nom touranien, antérieur au sanscrit, par où la culture dans l’Asie occidentale aurait plus de 3000 ans.

On dit communément que le Concombre était le Kischschuim, un des fruits d’Égypte regrettés par les Israélites dans le désert[3]. Je ne vois cependant aucun nom arabe, parmi les trois cités par Forskal, qui se rattache à celui-ci, et jusqu’à présent on n’a pas trouvé d’indication de la présence du Concombre dans l’ancienne Égypte.

Concombre Anguria. — Cucumis Anguria, Linné.

Cette petite espèce de Concombre est désignée dans le Bon jardinier sous le nom de Concombre Arada. Le fruit, de la grosseur d’un œuf, est très épineux. On le mange cuit ou conservé au vinaigre. Comme la plante est productive, sa culture est fréquente dans les colonies américaines. Descourtilz et sir J. Hooker en ont publié de bonnes figures coloriées, et M. Cogniaux une planche contenant des analyses détaillées de la fleur[4].

L’indigénat aux Antilles est affirmé par plusieurs botanistes. P. Browne[5], dans le siècle dernier, appelait la plante Petit Concombre sauvage (à la Jamaïque). Descourtilz s’est servi des expressions suivantes : « Le Concombre croit partout naturellement, et principalement dans les savanes sèches et près des rivières dont les rives offrent une riche végétation. » Les habitants l’appellent Concombre marron. Grisebach[6] a vu des échantillons de plusieurs autres îles Antilles et parait admettre leur qualité spontanée. M. E. André a trouvé l’espèce sur le bord de la mer, dans les sables, à Porto-Cabello, et Burchell, dans le même genre de stations, au Brésil, dans une localité non désignée, ainsi que Riedel, près de Rio-de-Janeiro[7]. Pour une infinité d’autres échantillons recueillis dans l’Amérique orientale, du Brésil à la Floride, on ne sait s’ils étaient spontanés ou cultivés.

Une plante spontanée, du Brésil, fort mal dessinée dans Piso[8],

  1. Nemnich, ibid.
  2. Forskal, Flora æypt., p. 76.
  3. Rosenmüller, Biblische Alterthunskunde, p. 97 ; Hamilton, Botanique de la Bible, p. 34.
  4. Descourtilz, Flore médicale des Antilles, 5, pi. 329 ; Hooker, Botanical magazine, t. 5817 ; Cogniaux, dans Flora brasiliensis, fasc. 78, pl. 2.
  5. Browne, Jamaïca, éd. 2, p. 353.
  6. Grisebach, Flora of british W. India islands, p. 288.
  7. Cogniaux, l. c.
  8. Guanerva-oba, dans Piso, Brasil., éd. 1658, p, 264 ; Marcgraf, éd.