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PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS

jourd’hui dans les régions tropicales de l’ancien et du nouveau monde pour l’élégance de son feuillage, autant peut-être que pour son fruit, dont la chair, qui sent la rose, est par trop mince. On peut en voir une figure excellente et une bonne description dans le Botanical magazine, pl. 3356. La graine renferme une matière vénéneuse[1].

Comme la culture de cette espèce était ancienne en Asie, on ne pouvait pas douter qu’elle ne fût asiatique, mais on ne savait pas bien où elle existe à l’état sauvage. L’assertion de Loureiro, qui la disait habiter en Cochinchine et dans plusieurs localités de l’Inde, méritait confirmation. Quelques documents modernes viennent à l’appui[2]. Le Jambos est spontané à Sumatra et ailleurs dans les îles hollandaises de l’archipel Indien. Kurz ne l’a pas rencontré dans les forêts de la Birmanie anglaise, mais lorsque Rheede vit cet arbre dans les jardins du Malabar il remarqua qu’on l’appelait Malacca-Schambu, ce qui montre bien une origine de la péninsule malaise. Enfin Brandis le dit spontané dans le Sikkim, au nord du Bengale. L’habitation naturelle s’étend probablement des îles de l’archipel Indien à la Cochinchine, et même au nord-est de l’Inde, où cependant il s’est peut-être naturalisé à la suite des cultures et par l’action des oiseaux. La naturalisation s’est en effet opérée ailleurs, par exemple à Hong-Kong, dans les îles Seychelles, Maurice et Rodriguez, ainsi que dans plusieurs des îles Antilles[3].

Jamalac ou Jambosier de Malacca. Eugenia malaccensis, Linné. — Jambosa malaccensis, de Candolle.

Espèce voisine de l’Eugenia Jambos, mais différente par la disposition de ses fleurs et par son fruit obovoïde, au lieu d’être ovoïde, c’est-à-dire ayant la partie la plus étroite près de son point d’attache, comme serait un œuf sur son petit bout. Le fruit est plus charnu et sent aussi la rose, mais on l’estime beaucoup[4], ou assez peu[5] suivant les pays et les variétés. Celles-ci sont nombreuses. Elles diffèrent par la couleur rosée ou rouge des fleurs et la grosseur, la forme et la couleur des fruits.

Cette multiplicité de variétés montre une ancienne culture dans l’archipel Indien, d’où l’espèce est originaire. Comme confirmation, il faut noter que Forster la trouva établie dans les îles de la mer Pacifique, de Taïti aux Sandwich, lors du voyage de Cook[6].

  1. Descourtilz, Flore médicale des Antilles, 5, pl. 315.
  2. Miquel, Sumatra, p. 118 ; Flora Indiæ batavæ, 1, p. 425 ; Blume, Museum Lugd.-Bat., 1, p. 93.
  3. Hooker, Flora of brit. India, 2, p. 474 ; Baker, Flora of Mauritius, etc. p. 115 ; Grisebach, Fl. of brit. W. Indian islands, p. 235.
  4. Rumphius, Amboin., 1, p. 121, t. 37.
  5. Tussac, Flore des Antilles, 3, p. 89, pl. 25.
  6. Forster, Plantæ esculentæ, p. 36.