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FRAISIER

les nègres jetaient partout des noyaux, forma dans cette île des forêts, qui sont devenues une richesse à cause de leur ombrage et comme moyen de nourriture[1]. Il n’était pas encore cultivé à Cayenne dans le temps d’Aublet, à la fin du XVIIIe siècle, mais actuellement il y a des mangues de première qualité dans cette colonie. Elle sont greffées et l’on observe que leurs semis donnent des fruits meilleurs que ceux tirés des pieds francs[2].

Evi. — Spondias dulcis, Forster.

Arbre de la famille des Anacardiacées, indigène dans les îles de la Société, des Amis et Fidji[3]. Les naturels faisaient une grande consommation de ses fruits à l’époque de l’expédition du capitaine Cook. Ils ressemblent à un gros pruneau, couleur de pomme, et contiennent un noyau hérissé de longues pointes crochues[4]. Le goût en est excellent, disent les voyageurs. Ce n’est pas un des arbres fruitiers le plus répandus dans les colonies tropicales. On le cultive pourtant aux îles Maurice et Bourbon, sous le nom primitif polynésien Evi ou Hévi[5], et aux Antilles. Il a été introduit à la Jamaïque, en 1782, et de là à Saint-Domingue. L’absence dans beaucoup de contrées chaudes d’Asie et Afrique tient probablement à ce que l’espèce a été découverte seulement il y a un siècle, dans de petites îles sans communications avec l’étranger.

Fraisier. — Fragaria vesca, Linné.

Notre Fraisier commun est une des plantes les plus répandues dans le monde, en partie, il est vrai, grâce à la petitesse de ses graines que les oiseaux, attirés par le corps charnu sur lequel elles se trouvent, transportent à de grandes distances.

Il est spontané en Europe, depuis les îles Shetland et la Laponie[6] jusque dans les parties montueuses du midi : à Madère, en Espagne, en Sicile et en Grèce[7]. On le trouve aussi en Asie, depuis la Syrie septentrionale et l’Arménie[8], jusqu’en Daourie. Les fraisiers de l’Himalaya et du Japon[9], que divers auteurs ont rapportés à cette espèce, n’en sont peut-être pas[10], et cela me

  1. Mac-Fadyen, Flora of Jamaïca, p. 221 ; sir J. Hooker, Discours à l’Institution royale, traduit dans Ann. sc. nat., série 6, vol. 6, p. 320.
  2. Sagot, Journal de la Soc. centr. d’agric. de France, 1872.
  3. Forster, De plantis esculentis insularum oceani australis, p. 33 ; Seemann, Flora Vitiensis, p. 51 ; Nadaud, Enum. des plantes de Taïti, p. 75.
  4. Voir bonne figure coloriée, dans Tussac, Flore des Antilles, 3, pl. 28.
  5. Bojer, Hortus mauritianus, p. 81.
  6. H.-C. Watson, Compendium Cybele brit., 1 p. 160 ; Fries, Summa veg. Scand., p. 44.
  7. Lowe, Manual fl. of Madeira, p. 246 ; Willkomm et Lange, Prodr. fl. hisp. 3, p. 224 ; Moris, Fl. sardoa, 2, p. 17.
  8. Boissier, l. c.
  9. Ledebour, Fl. rossica, 2, p. 64.
  10. Gay, ibid. ; Hooker, Fl. brit. India, 2, p. 344 ; Franchet et Savatier, Enum. pl. Japon., 1, p. 129.