Page:Aloysius Bertrand - Gaspard de la nuit, édition 1920.djvu/217

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Tout à coup, avec la nuit, la citadelle éteint ses soixante bouches à feu. Des torches s’allument dans les casemates, courent sur les bastions, illuminent les tours et les eaux, et une trompette gémit dans les créneaux comme la trompette du jugement.

Cependant la poterne de fer s’ouvre, un soldat s’élance dans une barque et rame vers le camp ; il aborde : « Le capitaine Beaudoin, dit-il, a été tué ; nous demandons qu’on nous permette d’envoyer son corps à sa femme qui habite Oderberg sur la frontière ; lorsqu’il y aura trois jours que le corps voguera sur l’eau, nous signerons la capitulation. »

Le lendemain, à midi, sortit de la triple enceinte de pieux qui hérisse la citadelle une barque, longue comme un cercueil, que la ville et la citadelle saluèrent de sept coups de canon.