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IV

CHÈVREMORTE[1]


Et moi aussi j’ai été déchiré par les épines de ce désert, et j’y laisse chaque jour quelque partie de ma dépouille.
Les Martyrs, livre X.


Ce n’est point ici qu’on respire la mousse des chênes et les bourgeons du peuplier, ce n’est point ici que les brises et les eaux murmurent d’amour ensemble.

Aucun baume, le matin après la pluie, le soir aux heures de la rosée ; et rien pour charmer l’oreille que le cri du petit oiseau en quête d’un brin d’herbe.

Désert qui n’entend plus la voix de Jean-

  1. À une demi-lieue de Dijon.