de la picote.
Après l’éruption, lorſque les puſtules commencent à enfler et à ſe remplir de pus, prenez de la craie bien pulveriſée, et la mêlez avec de la crème fraiche, en ſorte que vous en faſſiez une eſpece de pomade liquide, qui ſe puiſſe aiſément mettre ſur le viſage du malade. On l’aplique avec une plume ; et à meſure qu’elle ſéche, on en remet d’autre ; cela ôte au malade l’envie de ſe grater, parce que la fraîcheur de la crème empêche la démangeaiſon, et la craie avec laquelle elle eſt mêlée, en ſéchant inſenſiblement la matiere des puſtules, l’empêche de pénétrer dans la chair, et par conſéquent de laiſſer des marques. Tous ceux qui ont fait uſage de cette précaution s’en ſont bien trouvés.
On convient généralement que c’eſt folie de bazarder la perte d’un ami plutôt que de perdre un bon mot. Mais peu de gens font attention combien il eſt aiſé par là de perdre un ami. Se repoſant ſur les égards que leurs amis ont pour eux, les railleurs prennent plus de liberté avec eux qu’avec les autres, ſans faire reflection qu’un affront reçu d’une perſonne que nous aimons bleſſe bien plus vivement. La plus étroite intimité ne permet jamais de ſemblables libertés ; et il ſeroit abſurde de penſer autrement, à moins que nous ne ſupoſions, que les injures ſont moins mauvaiſes lorſqu’elles nous ſont faites par nos amis que lorſqu’elles viennent de la part d’autres perſonnes.
Les plaiſanteries ſatiriques faites à quelqu’un ſur ſa perſonne ou ſur ſes mœurs, quoique difficiles à eſſuier, le ſont peut-être moins que celles qui touchent la religion. En général les hommes ont fortement à cœur ce qui regarde leur croïance en matière de religion,
