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L’AVIATEUR INCONNU

Puis, changeant de ton :

— Avez-vous l’intention, capitaine, de me promener longtemps encore à travers les dédales du camp ? J’aimerais bien me rapprocher de cet espace lumineux que je vois là-bas !

— Vous êtes comme les papillons, vous allez droit à la lumière ! fit de Jarcé.

Renonçant à instruire Flossie de particularités qui lui étaient totalement indifférentes, le capitaine abandonna la pénombre pour guider sa compagne vers les projecteurs. Sur le terrain de travail, l’animation régnait. Autour de deux avions, fixés au sol, les mécaniciens s’affairaient, vérifiaient les moteurs, dont le vacarme emplissait l’étendue. De Jarcé dut hausser la voix pour documenter la visiteuse.

— Puis-je assister à des manœuvres ? demanda celle-ci, ces avions que je vois vont-ils s’envoler ?

— Oui ! nous procédons à des essais de reconnaissances nuit. On soumet les pilotes à un entraînement progressif. Les épreuves élémentaires consistent dans l’observation d’un périmètre limité : les élèves doivent, dans le minimum de temps, parcourir un certain secteur et en tracer la carte sommaire. Tenez, voici l’un d’eux.

il lui désignait un jeune homme qui s’avançait vers les avions captifs ; Flossie le vit endosser un vêtement de cuir et se hisser dans la carlingue. Il s’installa, échangea quelques paroles avec le chef d’équipe, puis les mécani­ciens s’écartèrent et l’avion démarra, roula presque jusqu’à l’extrémité du terrain où il décolla péniblement, prenant très vite de l’attitude. Lorsqu’il repassa au-dessus de Flossie et du capitaine, après avoir décrit une vaste boucle, il était déjà haut : bientôt il disparut dans la nuit.

— Mauvais départ, prononça de Jarcé, mais mieux vaut encore cela qu’un mauvais retour. En ce moment, nous cassons beaucoup de bois.

— J’espère bien avoir la chance de voir un atterrissage, dit Flossie.

— Hé ! Hé ! Ce n’est pas sûr ! Nos apprentis pilotes tiennent l’air assez longtemps… Et il est déjà tard, miss Flossie !

— Oh ! personne ne m’attend ! repartit l’Anglaise…