Page:Alma - L'aviateur inconnu, 1931.pdf/92

Cette page a été validée par deux contributeurs.
92
L’AVIATEUR INCONNU

l’important c’est que vous soyez là, capitaine. Vous ne me laisserez pas m’en retourner, j’espère, sans me permettre d’assister aux évolutions de vos pilotes.

— Certes non, quoique… Enfin, je vais m’arranger pour…

Il paraissait assez perplexe, le pauvre capitaine de Jarcé, mais Flossie ne s’en préoccupait nullement. Toute souriante elle montrait par son attitude qu’elle était fermement résolue à ne pas reculer d’une semelle et que, bon gré mal gré, elle comptait sur l’empressement de l’officier. Celui-ci brusquement mis par elle en demeure de tenir la promesse faite au Casino de Pourville, et enchanté au fond de recevoir la jeune femme, s’exécuta. Il dit un mot à l’intérieur du camp.

Il faut croire que des apparitions comme celle de la jolie tante d’Elvire étaient assez fréquentes au camp de Buchy, car Flossie, sur son passage ne souleva qu’une faible curiosité. Elle longea d’abord une interminable ligne de baraquements, dont l’attrait, pour une jeune femme, ne pouvait être bien vif. Ce qui l’intéressait, c’était naturellement le terrain d’atterrissage, le spectacle de l’arrivée ou du départ des appareils, mais, chose étrange, le capitaine de Jarcé ne tarissait pas de détails sur des banalités au lieu de la conduire promptement aux véritables attractions.

— Est-ce que je ne verrai pas des aviateurs en chair et en os ? s’enquit-elle enfin. C’est très joli, vos ateliers de réparations, vos hangars, vos dortoirs, mais le moindre avion en plein vol ferait beaucoup mieux mon affaire !

— Oh ! oh ! comme vous êtes nerveuse ! fit le capitaine je croyais au contraire que vous en étiez saturée, des avions, depuis cette histoire que m’a racontée Mlle Birge… Barge…

— Bergemont. Oui, ma nièce est en droit de prendre en aversion les aviateurs, mais veuillez remarquer que rien ne m’oblige à partager ses goûts.

— Bravo ! Si vous aviez pris le parti de détester profession, j’en aurais été très chagrin, je vous jure !

— Chagrin vous ? Je ne vous vois pas très nettement dans les rôles tristes.

— Bah ! et la raison, s’il vous plaît ?

— La raison, c’est que vous avez des yeux qui trahissent