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L’AVIATEUR INCONNU

dont j’ai à me plaindre. Après tout, il n’y a là rien de paradoxal… C’est une question de formes !

— Elvire, tu vas au-devant des réflexions désagréables ! affirma Bergemont aîné.

Cependant que Jean-Louis prononçait avec toute la persuasion dont il était capable :

— Renoncez à ce dessein, Elvire, il est indigne de vous !

Vains efforts. Elvire les quittait déjà pour se diriger vers l’officier. Flossie hésitait à la suivre, mais Jean-Louis réellement agacé, ajouta !

— Tâchez de la raisonner, retenez-la :

Flossie n’en eut pas le temps. À peine sa nièce avait-elle fait quelques pas dans le hall que l’officier aviateur repa­raissait, se disposant à passer de nouveau devant le groupe où se trouvait Elvire. La rencontre inopinée de cette dernière suspendit son élan ; il s’arrêta court et son regard, après avoir effleuré la jeune fille, se posait sur Flossie, lorsque Elvire, armée de son sourire le plus séduisant, lui adressa la parole :

— Voulez-vous me permettre, monsieur, dit-elle, de lier conversation avec vous, bien que je n’aie pas le plaisir de vous connaître ?

Le capitaine, contre toute attente, ne parut pas interdit. Tête nue devant la jeune fille qui revêtait son énervement d’une bonne grâce achevée, il repartit :

— Je me considère comme très honoré, croyez-le made­moiselle !

— Quand je dis que je ne vous connais pas, je me trompe peut-être, reprit Elvire.

— Ah ! j’aurais eu déjà la faveur de vous approcher ?

— Je suis Mlle Bergemont !

L’officier, fronçant les sourcils, sembla chercher au fond de sa mémoire.

Mlle Bergemont, répéta-t-il… Mon Dieu, je suis inexcusable, mais je ne me souviens pas !

Mlle Bergemont, villa Cypris, à Pourville ! insista Elvire.

Ces précisions n’amenèrent d’autre résultat que d’accroître l’incertitude du capitaine. Alors, Elvire débita d’un trait ;

— Monsieur, tout le monde à Pourville peut vous dire