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L’AVIATEUR INCONNU

s’en retournait à peu près consolée, en souhaitant que la nuit se passât sans aviateur.

— Je t’assure, disait-elle à Flossie, que le bruit de cet odieux moteur me paraîtrait moins insupportable, si Jean-Louis était près de moi… je me sentirais moins isolée, mieux protégée…

Cette doléance ne fut pas perdue, Flossie ne tarda pas à en donner la preuve, d’abord pour satisfaire son impres­sionnable nièce, et ensuite pour vérifier le doute qui n’avait point abandonné son esprit… Car elle avait son idée !…


CHAPITRE IX

Idée qu’elle ne tarda pas à mettre à exécution de la manière la plus naturelle du monde et sans avoir même besoin de se confier à qui que ce fût.

Comme à l’accoutumée, l’adorateur aérien d’Elvire Bergemont, après avoir laissé deux nuits de suite les hôtes de la villa Cypris reposer paisiblement, tint à leur rappeler son existence. À l’heure fatidique, dans les lueurs diffuses annonciatrices de l’aube, l’aéroplane annonça son approche par le ronflement de son moteur et, fidèle à sa trajectoire, passa au-dessus de la villa pour survoler la rade, et revenir ensuite vers les terres. Quoique son manège eût perdu tout caractère d’originalité, les deux frères Bergemont, ce matin-là comme les précédents, sautèrent à bas de leur lit pour suivre des yeux le fan­tasque biplan, tandis qu’Elvire et Flossie, chacune à sa fenêtre, commençaient d’échanger des réflexions ! Mais, Flossie, au lieu de s’en tenir à des plaisanteries, ainsi qu’à l’ordinaire, formula ce matin-là une réflexion d’un caractère plus particulier. Elle demanda à sa nièce :

— Dis-moi donc, Elvire, est-ce que M. Vernal a déjà été témoin de la visite de ton aviateur ?

— Je ne sais, répondit Mlle Bergemont. La première fois, il n’a dû y prêter qu’une attention distraite, mais à présent, je présume que, pareil en ceci à la plupart des Pourvillais, il est à sa croisée comme nous sommes à la nôtre, avec cette différence, bien entendu, que son anxiété est plus vive que la leur, puisqu’il s’agit de mon repos.

— Très bien, acquiesça Flossie. Mais, enfin, tu n’as