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L’AVIATEUR INCONNU

de Félix Bergemont était à peindre. À coup sûr, il s’atten­dait, de la part des siens, à des félicitations pour l’énergie et l’ingéniosité de son initiative… Et voilà qu’Elvire le blâmait d’avoir pris position, que Tristan le traitait de Gribouille ! que Flossie elle-même, exprimait le regret qu’il se fût découvert à ce point… C’était à dégoûter d’avoir du caractère !

Dans l’après-midi, l’Anglaise, passionnée de golf, ayant prié sa nièce de l’accompagner, toutes deux s’acheminèrent vers les falaises où sont établis, entre Pourville et Dieppe, les plus beaux links de France. Flossie ne s’y rendait pas pour jouer ce jour-là, mais pour renouer connaissance avec les amateurs rencontrés par elle au cours de son précédent séjour et aussi pour se faire inscrire. Comme elle venait de régler sa cotisation et rejoignait Elvire, elle vit, conversant avec elle un jeune homme en tenue de jeu. C’était Jean-Louis, golfeur très assidu, lui aussi.

— Flossie, dit Elvire, je suis heureuse de te présenter, M. Vernal, artiste peintre de très grand talent…

Jean-Louis se hâta de l’interrompre.

— Votre sympathie vous égare, mademoiselle !

— Mais pas du tout, prononça la jeune fille, rien ne sert d’affecter une fausse modestie, surtout devant ma petite tante Flossie qui est au courant de nos espoirs !

— En vérité, Mlle Flossie, fit l’artiste, vous êtes une tante paradoxale ! vous n’avez ni chapeau démodé, ni châle à franges, ni lunettes… On n’a jamais vu de tante comme vous, c’est déconcertant !

La jolie Anglaise, toute souriante, agita un doigt sévère :

You’re a funny boy ! un garçon tout à fait drolatique, mais n’oubliez pas que votre devoir est d’agir envers moi exactement de la même façon que si j’étais une parente grognon ! Je vous engage, dans votre intérêt, à chercher à me plaire pour vous attirer mes bonnes grâces !

— Diable ! s’exclama Jean-Louis… Et croyez-vous que j’y parviendrai ?

— Hum ! je ne sais trop ! J’ai appris que vous désirez devenir le mari de ma nièce, mais je sais aussi que mon beau-frère ne vous voit pas d’un bon œil !

— C’est parce qu’il regarde trop haut ! il regarde en l’air, dans le ciel ! dit Jean-Louis.

Flossie, abandonnant le ton badin, continua :