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L’AVIATEUR INCONNU

forcer. Un moment, le bruit fut extrêmement fort, puis s’éteignit assez vite.

— Il est parti, annonça Bergemont cadet, il a rebroussé chemin ! Je ne m’explique pas sa manœuvre !

— Tu y connais donc quelque chose ?

— Naturellement ! Je ne fais pas partie de ces badauds ignorants qui assistent aux prodiges de la Science sans y comprendre goutte ! Moi, je m’informe, je me documente, je m’intéresse !

Bergemont aîné persifla :

— Continue, tu m’intéresses, moi aussi ! Alors, cet avion qui est parti comme il était venu, en quoi te semble-t-il anormal ?

— En ceci qu’un vol de nuit est toujours justifié par une raison sérieuse, raison qui, je l’avoue, m’échappe dans ce pays paisible. J’aurais compris que le pilote effectuât un vol de reconnaissance en mer… Mais non, il s’est contenté de s’approcher du rivage…

— Pour moi, il te cherchait ! conclut Tristan, de son air figue et raisin, tu aurais dû faire des signaux !

Visiblement blessé de ce ton facétieux, Bergemont cadet rentra dans sa chambre et se remit au lit, cependant que l’oncle Tristan, demeuré à son balcon, riait tout seul d’une manière inexplicable.


CHAPITRE V

Il était midi et demie à peu près ; les Bergemont venaient de se mettre à table pour déjeuner, on attaquait les hors-d’œuvre lorsque le valet de chambre vint annoncer qu’on demandait Mlle Elvire Bergemont.

— Qui ça « on » ? interrogea l’oncle Tristan.

Le domestique répondit :

— Monsieur, c’est un homme de la campagne !

L’oncle grommela :

— Ce garçon s’exprime comme une tireuse de cartes !

Mais déjà Elvire s’était levée et avait gagné l’office, où l’on avait fait rentrer un brave homme, au visage coloré, qui tenait à la main un petit paquet confectionné avec un journal.

— Ma chère demoiselle, commença-t-il en son parler